Ossip Mandelstam en 1927.
Photo : Moissej Nappelbaum
Ossip Mandelstam, (1891-1938), né à Varsovie dans une famille de commerçants juifs, passe son enfance et sa jeunesse à Saint-Pétersbourg. Il participe dès 1912 avec les poètes Anna Akhmatova et Nicolas Goumilev à la fondation du mouvement Acméiste, dont il écrira l’un des manifestes, « Le Matin de l’Acméisme ». Il s’y démarque du symbolisme comme du futurisme en proposant comme modèle à la poésie l’architecture organique des cathédrales gothiques.
Il publie trois recueils de poésie, La Pierre (1913, 1916, 1923), Tristia (1922) et Poèmes (1928), puis, en 1928, Le Timbre égyptien, recueil qui reprend la prose autobiographique Le Bruit du temps (1925) et Sur la poésie, un recueil de ses essais.
Le récit du Voyage en Arménie, de 1931, ne sera publié de son vivant qu’en revue, en 1933, alors qu’il écrit son Entretien sur Dante.
L’imprudente diffusion en 1933 d’un Épigramme contre Staline dans lequel il décrit le tyran comme « le Montagnard du Kremlin » (« ses doigts épais sont gros comme des vers ») lui vaut d’être arrêté puis exilé à Voronèje où, privé peu à peu de tout gagne-pain, il écrit ses derniers poèmes, qui seront recueillis après sa mort dans Les Cahiers de Voronèje.
Le plus grand poète russe du XXe siècle, selon le jugement de son compatriote Brodsky — partagé par des pairs aussi prestigieux que Nabokov, Pasolini, Paul Celan, René Char, qui ont écrit sur lui ou l’ont traduit —, meurt de froid et d’épuisement le 27 décembre 1938 dans un camp de transit sur le chemin du camp de travail auquel il a été finalement condamné. Les mémoires de sa femme Nadejda Mandelstam, Contre tout espoir, publiés en Occident dans les années 1970, lui valent enfin une reconnaissance internationale, qui n’a fait que croître depuis lors.