Le Monde, Le Chant des signes de Philippe Jaccottet, par Monique Pétillon

 Le Monde, Le Chant des signes de Philippe Jaccottet, par Monique Pétillon
06 mai 2021

(...) C’est aussi l’Italie qui ouvre le beau recueil de textes sur l’art, ­Bonjour, Monsieur Courbet. Artistes, amis, en vrac (1956-2008), avec d’excellentes notices d’Amaury Nauroy. Du Baptême du Christ de Piero della Francesca (texte d’abord publié dans Libretto, La Dogana, 1999) à Giorgio Morandi, le peintre le plus proche de son œuvre, pour qui il a écrit Le Bol du pèlerin, Morandi (La Dogana, 2001).

« Tout est comme éclairé par une lampe familière. Même si ce sont souvent des couleurs d’aube, elles n’évoquent pas l’aube ; elles n’évoquent pas “autre chose”. (Et pas de lyrisme.) Couleurs comme amoureuses d’elles-mêmes, en heureux accord. Malgré cette pauvreté, ou cette économie d’effets et de sujets (…) je n’ai pas envie d’employer le mot d’“ascétisme”. C’est simplement tendre, et familier, tout en restant infiniment mystérieux et lointain. »

Il y a eu des rencontres : la flamboyante Lélo Fiaux, dont il a fréquenté l’atelier à Lausanne. Alberto Giacometti, devenu son cousin par alliance. Claude Garache, à qui il consacre deux grands poèmes. Et l’ami de Grignan, Gérard de Palézieux. De son épouse, Anne-Marie, il a écrit en 2008 : « Voilà plus de cinquante ans que nous travaillons côte à côte. » Parfois ensemble, pour l’édition originale de La Promenade sous les arbres (1957) ou pour Couleur de terre (Fata Morgana, 2009). « Couleurs du monde ; elle n’est même pas allée les chercher loin ; elles sont là, dans les fleurs et les fruits les plus communs, données au premier venu. »

Par Monique Pétillon