La Salle des machines, D'Odessa à Paris, sur les routes d'Isaac Babel, par Mathias Enard

 La Salle des machines, D'Odessa à Paris, sur les routes d'Isaac Babel, par Mathias Enard
23 mai 2021

« Je suis devenu un maître du silence » écrivait Isaac Babel, en référence à la censure stalinienne qui sévissait en URSS dans les années 1930. Une salle des machines consacrée à l'œuvre de l’écrivain né en 1894 à Odessa, condamné pour trotskysme et espionnage, et fusillé à Moscou le 27 janvier 1940.

A l’occasion de la parution de ses Œuvres complètes aux éditions Le Bruit du temps, une Salle des machines entièrement consacrée à l’écrivain russe Isaac Babel, victime des purges staliniennes, dénoncé, arrêté et fusillé le 27 janvier 1940.

 

Seconde partie. Entretien avec Sophie Benech

 

Mathias Enard s'entretient avec Sophie Benech, traductrice des Œuvres complètes d’Isaac Babel. Elle a également traduit la correspondance de Boris Pasternak, les Récits de la Kolyma de Varlam Chalamov, Requiem d’Anna Akhmatova, des nouvelles de Vassili Grossman, Ludmila Ulitskaya ou encore Svetlana Aleksiévitch. Natalie Babel, la fille d’Isaac Babel, en évoquant le destin tragique de son père, divisait le monde des écrivains soviétiques en deux catégories, « ceux qui meurent dans leur lit, comme Ilya Ehrenbourg, et ceux qui n’ont pas eu cette chance ». Un constat sombre que prolonge Sophie Benech.

 

Sophie Benech : La plupart des écrivains soviétiques au XXe siècle n’ont pu échapper à seulement trois destins : soit ils sont partis à l’étranger, soit ils sont morts dans un camp ou ils ont été fusillés, soit ils ont vendu leur âme et ils sont devenus soviétiques. Babel n’était ni un Tolstoï ni un Soljenitsyne. Je pense qu’il ne disait pas ce qu’il pensait de manière très claire parce que ce n’était pas possible. Ses idées, il les exprimait par son style et par sa façon de raconter. Ce qui l’intéressait, c’était les réactions des gens, pas les idées, ce n’était pas son domaine. Ses écrits ne sont pas des sermons : il décrit, il montre, c’était sa façon de lutter.

 

Le caillou dans les poches

 

Cette édition des Récits d’Odessa est augmentée du scénario de film qu’Isaac Babel consacre à Odessa, d’une pièce de théâtre, de récits inédits et de quatre essais que Babel consacra à l’Alexandrie de la Mer Noire, dont l'un était destiné à devenir la préface d’un recueil de textes de jeunes écrivains odessistes qui ne fut jamais publié.

 

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