« L’Obscur dépend de la pensée de la clarté. »
P.B.
Philippe Beck, auteur prolixe, sort trois livres en ce printemps 2023 : d’une part un livre de poésie chez Flammarion, d’autre part un double essai et un livre d’entretiens au Bruit du temps1. Dans cet article, je me consacrerai essentiellement au premier essai qui donne son titre à l’ouvrage qui en réunit deux, Idées de la nuit donc, tout en me référant de temps à autre à quelques-uns des nombreux entretiens réunis dans Une autre clarté. Qu’on me pardonne de ne pas considérer l’œuvre poétique en tant que telle et de ne l’évoquer que très indirectement au travers de ce que l’auteur a pu en dire lui-même ou laisser entendre.
Que l’œuvre d’un poète invite à se pencher attentivement sur la langue qu’il déploie pour la faire exister n’est pas en soi original, on pourrait même définir la poésie comme cette attention singulière portée à la langue. Qu’un essayiste nous y conduise est déjà plus rare. Nous y contraindre au point où Beck le fait est une chose tout à fait exceptionnelle. Expliquons-nous. Rien n’est moins poétique qu’une explication de texte visant à éclaircir les propos d’un poème. Rien n’est plus problématique. En effet, si un poète avait quelque chose de simple à dire, pourquoi ne l’aurait-il pas énoncé simplement ? Pourquoi le poème, fût-il en prose, s’il ne s’agit que de signifier ou de canaliser un sens qui menace de se disséminer ? C’est que la simplicité ou la clairvoyance n’est pas là où on le croit, et qu’à gommer les ombres d’un corps on en gauchit l’allure au point de le rendre méconnaissable. Mais abordons notre sujet, Idées de la nuit. Pourquoi ces précautions avant que d’en parler ? C’est que chacune des phrases qui en tisse le voile ou la surface ondoyante semble inséparable de ce qu’elle signifie. Chacune d’elles exige attention, écoute et parfois lenteur afin qu’on se pénètre de son rythme, lequel fait partie intégrante de son sens. Aussi, inscrire son écriture dans le sillage de celle de Beck en vue d’en reprendre certains motifs ou de mettre l’accent sur certains aspects de sa pensée, c’est d’abord encourir le risque de trahir le texte dont on parle ; ensuite assumer le fait de jouer une autre partition, tout en ayant le souci d’établir des rapports avec celle dont on part. Le texte de Beck n’est pas volontairement obscur, ce qui pourrait se comprendre en raison de son « sujet », il l’est parce que tout énoncé littéraire l’est dans la mesure où il récuse le mythe d’une « vérité pure et simple ». Il nous faut donc accepter de ne pas le comprendre entièrement, ou bien de le comprendre avec ses parts d’ombre, l’ombre que projette le corps de son texte, loin de ne figurer qu’un éventuel obstacle, abritant une possibilité future d’expression. Comme si cette ombre nous ménageait une place et nous accordait la possibilité de nous mouvoir, quitte à nous exposer ensuite au soleil relatif de l’écriture, que celle-ci soit considérée comme critique ou non - car du côté des étiquettes aussi le sens vacille, espérons-le pour le meilleur.
Plusieurs nuits, un seul monde
La question que pose Philippe Beck dans ce texte est celle de la place que l’on accorde à la nuit dans nos vies. C’est une question sensible, esthétique, éthique, psychologique, philosophique et politique. La pensée de l’auteur se déploie au travers de 51 chapitres, courts, qui sont comme autant de corps gravitant les uns autour des autres et nouant des relations plus ou moins perceptibles entre eux. Le style de Beck est dense, il use de beaucoup d’assertions dont la teneur parfois résiste à la compréhension immédiate, de négations aussi (c’est son côté gnomique, il dit par ailleurs, au sujet de sa poésie, que ses définitions, nombreuses, procèdent de descriptions, et donc d’observations) ; si bien qu’au fil de la lecture, lecteur ou lectrice deviennent alter ego de l’auteur, j’entends par là athlète de la pensée, avec ce que cela peut comporter de gaucherie ou de comique, car la partie est difficile, et trébucher fait partie du parcours.
Avant d’avoir le livre en main, j’ai rêvé sur le titre, sur son pluriel. Là était pour moi l’invitation à la rêverie, dans cette déclinaison. A la lecture, je m’avise que je ne m’étais pas trompé : c’est bien du côté de l’étoilement que Beck nous invite à nous tourner, du côté de la variation ou du multiple, des Lumières, et non de celui de ce qu’il nomme « Nuit Intégrale », et qu’il oppose à la notion de « Nuit Relative ». Pour le dire d’un mot, la nuit intégrale relève du mythe, c’est une nuit primordiale et entière, intacte, susceptible d’éveiller la nostalgie – celle d’un repos ou d’une paix éternels ? –, et aussi de prescrire des actions potentiellement violentes en raison de l’idéal qu’elles cherchent à atteindre, par définition intouchable. C’est l’erreur idéaliste, que Beck condamne sans ambages. Il écrit : « Les idéalistes suicidaires, qui fondent l’intelligence du primordial sur la pure séparation de l’intellect, comprennent bizarrement que la spéculation est l’imagination de la pensée… » En gros, ils voient dans les images la trace d’un corps, son geste ou sa production, alors qu’ils conçoivent le lieu de l’être comme un domaine désincarné. Raison pour laquelle ils en viennent à déprécier le sensible, à disqualifier le monde des phénomènes et à ouvrir la voie à tous les excès : guerre à l’échelle collective, suicide à l’échelle individuelle.
Beck milite pour le clair-obscur, qu’il nomme « autre clarté », en référence à Hölderlin. Et ce qu’il nomme « poème exploratoire » est une machine de guerre contre l’obscurantisme, cette tentation de tout noircir face à un impensé qui nous taraude. Affronter l’obscur est la tâche de l’éclaireur. Est-ce à dire que l’auteur substitue le poète au philosophe-roi ? Pas vraiment. En tant que réponse à l’impensé, quiconque d’après l’auteur est soumis au poème. Il dit dans le cadre d’un entretien avec Isabelle Baladine Howald : « …chacun, où qu’il soit, avance avec une certaine idée du poème. Le poème est la hantise ordinaire ; c’est à vérifier auprès des uns et des autres2. » Comprendre que personne ne se passe d’une formule ou d’un vers capable de saisir ce qui fulgure ou se décompose. Que tout le monde cherche, mais que tous ne trouvent pas avec le même bonheur.
Contre la tentation d’imaginer un monde séparé, le meilleur comme le pire, il y a donc le langage et la pensée, leurs noces perpétuelles, toujours à recommencer, leur lumière à venir, leur ombre aussi bien. La tâche est de comprendre, la tâche est de dire, de nouer, de relier, nonobstant les obstacles, les impasses, la déliaison parfois nécessaire, inéluctable. Déliaison des êtres mais aussi des mots, de la prose par le poème, ou bien l’inverse : du poème par la prose. L’essentiel étant qu’entre et au travers des mots passent ce fluide galvanisant, cette lumière indirecte qui garantit la possibilité d’un voyage, effraction des paysages, surgissements des images, peuplement des sons, etc.
Le sentiment-savoir
Il semblerait qu’il nous faille remplir – quoi ? un devoir, une tâche, une journée, une feuille blanche, que sais-je encore ? Personne n’échappe à cette inclinaison, et si la nuit se présente parfois comme une alternative aux exigences du jour - Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici - il ne faudrait pas oublier que la nuit est peuplée de rêves qui ne sont rien d’autre qu’une forme de persistance du jour. Notre corps-esprit a faim de sensations et d’images, de raisons, d’émotions, de jour comme de nuit, c’est pourquoi le poème nous hante à l’instar d’une réponse possible, transitoire, vouée à passer comme à revenir, à insister. En effet, le langage nous traverse et il incombe à chacun d’en extraire son miel. L’écriture procède de ce besoin, même si elle l’excède de très loin. Beck pense que le vers est à l’origine du langage, qu’il en était l’élément de base (et non la prose), en cela qu’il marquait sémantiquement et rythmiquement l’esprit afin qu’il s’en souvienne (littérature orale, mais aussi sans doute mots d’ordre ou sentence, formules voués à constituer un viatique à disposition de tous, à stocker dans un coin du cerveau). Le vers poursuivait ainsi une finalité didactique que Beck revendique, celle d’éduquer la sensibilité. Evidemment, il faut se déprendre d’une certaine naïveté lorsqu’on lit de tels énoncés, ne pas s’imaginer qu’il est des principes auxquels se soumettre ou des règles intangibles. Il ne s’agit pas de satisfaire un maître mais il ne s’agit pas non plus d’abandonner toute prétention et de dénier toute valeur, en dehors d’une valeur décorative, à ce qu’on nommera littérature ou poésie. Ce qu’on lit, ce qu’on pense, ce qu’on récite détermine en partie ce qu’on ressent et ce qu’on est susceptible d’agir ou de faire.
Le langage est central dans cette affaire en ceci que « du besoin de conter le pensable, il est le déploiement prophétique ». Prophétique parce que « l’avenir a lieu maintenant ». Pour autant qu’on l’accueille, qu’on s’y prépare. Pour autant qu’on fasse la part belle à cette obscurité qui double tout « corps passible », épais, ne se laissant pas traverser par la lumière mais projetant une ombre par devers lui, plus ou moins contractée ou allongée selon l’heure. Réalité contrastée à laquelle répondra le clair-obscur du poème, « des mots sentants » ou « sensitifs », « des phrases diffusantes », « fardeaux contendants, qui avivent le contact lumineux, la non-disjonction de "ceci et cela" et de "toi et moi" ».
Car si l’alternance du jour et de la nuit sonne comme un rythme fondamental, cette dernière apporte avec elle son cortège d’angoisses et « le besoin de suturer la blessure de la division ». N’est-ce pas de là que tout procède, n’est-ce pas d’abord ce hiatus qu’il faut combler, cet impensé dans lequel se loge toute l’histoire de l’animal-humain ? Non pas qu’il s’agisse de combler tous les vides, disons plus modestement jeter un pont, s’avancer vers l’autre, se risquer de l’autre côté. Pour savoir, sans renier le sentir, le sentiment, pour les jumeler. Parce que « l’approfondissement des intervalles nocturnes appartient à la clarté des phrases que scande le temps » et que c’est en partie grâce à elles que l’on peut trouver le sommeil. C’est-à-dire voir le jour autrement, depuis la nuit qui lui est propre et non depuis la Nuit de l’origine dont on ne sait rien, Nuit de l’ignorance.
Approfondir les intervalles nocturnes implique de sonder l’obscurité du présent où se dessine en creux l’avenir, mais aussi le passé, dont la part ignorée ou refoulée, niée et déniée, fait partie de notre sol, gouffre se mouvant avec nous. Cette « inquiétude » historique dont le poète hérite et témoigne affecte quiconque. Mais pas toujours en conscience ou pas seulement. Elle est aussi et peut-être d’abord physique. Beck le dit explicitement dans un entretien avec Frédérik Detue où la question des camps de concentration et d’extermination est clairement abordée : « Quoi qu’il en soit, il n’y a pas à poétiquer encore et encore l’extermination des Juifs d’Europe, pour imposer quelque devoir d’humanité ; il y a à faire éprouver dans une langue, en intériorité, si on veut, un changement d’époque après l’événement dont la description est possible-impossible. (…) L’inquiétude est le changement vivant d’une disposition et elle se crée en langue ; le poème crée ou suggère une inquiétude physique de la pensée exprimée, et constitue à cet égard le modèle opératoire de toute littérature3. »
Cette inquiétude est palpable dans Idées de la nuit, elle transit la matière-langue qui s’y déploie. Mais ce qui s’y affirme le plus, c’est l’exigence de clarté, c’est un matérialisme ou un réalisme qui traque la métaphysique et la tentation réconfortante qu’il y aurait à penser une « nuit immatérielle » tout comme une réalité intacte ou intouchable. On parle parfois d’éternité comme d’une expérience qui se serait détachée du temps, d’un indestructible qui serait comme la résistance à l’irréfutable destruction. Commet-on par là un péché métaphysicien, oublie-t-on trop facilement, volontairement, que rien n’existe en dehors du temps ? Et cependant « l’autre clarté » n’existe pas encore, Beck l’a déclaré dès la première page de son livre. Elle n’existe pas mais elle travaille, pas au-delà - fi de la métaphysique – alors ? en dessous peut-être, prête à (re)jaillir, comme dans le poème d’Hölderlin, Fête de paix, où le paisible ne se sépare pas de ce qui « vaque en dessous », figure oxymorique du repos puisqu’à l’action exprimée par le verbe « reposer » est accolé l’adverbe « farouchement »4.
Poétique de l’oblique
Idées de la nuit n’est pas un traité, au sens formaliste ou systémique du terme ; ce serait davantage une « tentative ». Qu’est-ce qui est ici tenté ? De définir la nuit, ce qu’elle peut être, d’un point de vue sensible et philosophique, les deux points de vue se rencontrant sans doute dans ce qu’on pourrait appeler une version imaginaire de la nuit, ici relative. Cette place accordée à la nuit, place relative donc, conditionne un usage poétique du langage, une certaine mesure, loin de toute complaisance. Dans quel but, car il est entendu que cette relativité n’est pas uniquement un credo esthétique ? La succession des brefs chapitres qui composent le texte sans que des liens évidents nous permettent de les relier entre-eux, peut laisser perplexe quant à ses visées. C’est évidemment volontaire. Question éthique, affaire de distance, d’espace, de place, de liberté. Il y a de la place pour penser, pour élaborer soi-même ce qu’écrire peut vouloir dire ou faire. Mais pour reprendre un mot de l’auteur que l’on croise ici ou là et pour répondre simplement à une question difficile, disons : éveiller. Ou Réveiller, en référence à l’usage singulier que Beck fait de ce « re » qui nous est devenu familier en raison des messageries électroniques (rhumanité, rhumidité, réden…), le réveil poétique impliquant de nouveaux départs, et non la continuité d’un déjà-là, une transformation, peut-être une métamorphose. La nuit n’est-elle pas l’espace requis pour opérer ce changement attendu, espéré ou redouté ? Ô nuit, mère de toutes choses. Dans cette obscurité relative que traque le poème travaille ce qui est souterrain, ce qui vaque en dessous, quand bien même l’imaginaire déployé dans cet essai lorgnerait plutôt dans les hauteurs : soleil, lune. Mais il y a de la Terre dans cette écriture. A la manière des premiers commencements, on pourrait dire qu’elle fraye son chemin dans l’argile (c’est l’image du vers comme sillon, de la plume comme soc de charrue). Un motif singulier habite l’auteur quant à cette condition terrestre, celui de la reptation. Le cerveau reptilien. Il va de soi que la pulsion ne saurait suffire à justifier une écriture, fût-elle pulsion d’écrire. Mais Beck est à l’écoute de ce qu’il y a de premier en nous, de primitif si l’on veut, si l’on accepte de prendre ce terme en bonne part, élan vital, poussée première.
L’approche de la nuit tentée dans ce livre se fait d’abord selon un axe vertical : hauteur/basseur (néologisme qu’affectionne le poète). Il y a une logique à cela, celle de la perception. Cependant l’oblique n’est pas absent du paysage. En effet, il ne saurait être question de regarder le soleil en face, mais plutôt l’Indirect ensoleillé, périphrase désignant la lune. Alors, de la lumière oui, mais pas directement. De l’obscurité oui, mais pas complètement. « Plus de bougie, plus de lampe », pour éclairer le créateur et ses créations, citation de Benjamin que l’on trouve en ouverture de cet essai. Fi des hauteurs, le présent nous ramène au sol afin que nous prenions la mesure de notre habitation terrestre. Précisons que ce goût pour la basseur ne participe pas d’une volonté de rabaissement de l’humain mais plutôt d’une lucidité, on pourrait presque dire d’un optimiste (Beck se démarque explicitement et implicitement d’un certain nombre de penseurs affectionnant, à ses yeux excessivement, l’obscur). La rhumanité recommence à ras de terre et ne se paye ni de mots ni de mythes faisant la part belle aux célestes. Elle ne les ignore pas mais les tient à distance. Serait-ce par crainte des « grands récits » ? On parle pourtant ici ou là de nouvelles cosmogonies comme si celles du passé ne pouvant plus répondre à nos interrogations ni à nos appétits, on avait besoin d’en élaborer de nouvelles. La poésie – et plus largement l’œuvre de Philippe Beck – participe-t-elle d’un tel effort ? Au moins de manière embryonnaire, et ce pour deux raisons : la première c’est que sa poétique procède d’un usage plus que généreux des métaphores, un usage tel qu’on peut se demander si l’on est encore dans le métaphorique ou si le plan de la réalité concrète qu’il dresse, notamment pour donner corps à des abstractions, n’est pas la réalité même, la seule qui soit (comme si l’allégorie avait pour fonction de faire en sorte que les idées rampent sur le sol de l’expérience, pour de vrai, car si tout devient symbolique, en un sens plus rien ne l’est5 ; la seconde vient d’une dimension du phénomène poétique que je n’ai pas évoqué, à savoir son peuplement par les impersonnages que nous sommes en puissance (au-delà des « moi » sociaux ou des reflets narcissiques, l’impersonnage est relation, c’est-à-dire ouverture et déchirure), entendu que le poème est pour ainsi dire couplé à un nombre, agi par un multiple. Eu égard à l’espace poétique autrement éclairé et éclairant ouvert par le poème, et dont chacun se fait nécessairement une idée pour guider ses pas dans le monde, convenons par conséquent avec l’auteur qu’ « il n’y a pas d’espace éclairant sans la transition de chacun vers tous, la foule des adhésions relatives ». Mouvement élementaire constitutif de tout monde, qui débouche sur cette définition cosmologique qui nous servira de conclusion :
« Cosmos veut dire l’harmonieuse organisation des déliaisons, des dépendances relatives ou des adhérences espacées, et les liens ne sont que des intervalles entre les branches du Grand Buisson. »
Par Pascal Gibourg
1. Ryrkaïpii, Flammarion ; Idées de la nuit suivi de L’Homme-Balai et Une autre clarté (Entretiens 1997-2022), Le bruit du temps.
2. Une autre clarté, entretien de mars 2015, Librairie Kléber, Strasbourg, p 288-300
3. Ibid., Poésie et témoignage, p 254-273. Première publication dans la revue Europe n°1041-1042, janvier-février 2016.
4. Hölderlin, Odes, Élégies, Hymnes, Fête de paix (Poésie/Gallimard, Trad. André du Bouchet) : c’est de ce poème qu’est tirée l’expression d’ « autre clarté ». Il se conclut sur les mots suivants : « Car, impassible, volontiers repose / Avant d’avoir mûri, farouchement ce qui vaque en dessous. »
5. Il faudrait prendre le temps d’analyser les rapports entre métaphore, symbole et allégorie. Chez Beck, abstrait et concret semblent avancer main dans la main. Plus que le symbole qui fixe ce qu’il représente dans le temps, on serait tenté de dire qu’il lui préfère l’allégorie, laquelle implique un développement, une durée. Benjamin à qui l’on doit d’avoir reconsidéré ce procédé réputé désuet a écrit ceci dans l’Origine du drame baroque allemand qui éclairera peut-être ce que l’on ne fait ici que pointer superficiellement : « L’expression allégorique voit le jour dans une étonnante imbrication de la nature et de l’histoire ».