Il serait un peu mensonger de ranger encore Stephen Romer dans la catégorie des écrivains britanniques. L’homme figure pourtant dans l’Anthologie de la poésie anglaise de la Bibliothèque de la Pléiade, où il est d’ailleurs le plus jeune des auteurs compilés. Anglais, il l’est, obviously, lui qui est né dans le Hertfordshire en 1957. Mais Stephen Romer, ou au moins sa poésie, est éminemment continental, comme son nouveau recueil français (après Tribut en 2007) permet de s’en rendre compte. Installé en France dès le début des années 80, c’est du côté de Bonnefoy et de Jaccottet que sa parenté se dessine. Et s’il cite Coleridge parmi les palimpsestes assumés de son travail, c’est pour aussitôt ajouter Kierkegaard, Nerval et Laforgue. Quant à la langue française, elle constitue la matrice de son «parlando érotique», avoue-t-il – en utilisant un mot italien.
Les poèmes réunis ici sont liés à l’idée de «refuge», explique-t-il en préface. Un repli souverain face aux souvenirs, aux sentiments amoureux qui finissent dans la douleur, au bruit du monde ou à son accélération. Refuge de sa maison au bord de la Loire, refuge de la peinture et de la couleur, refuge de l’attention aux phénomènes de la nature, fleuve qui coule ou simplement une colombe à collier qui «se tient sur le bord /du vieux bassin de pierre».
Par Guillaume Lecaplain