Rêveries parisiennes
Du « tourisme littéraire » ? C’est ce que souhaite éviter Henri Cole (né en 1956) dans ce recueil de chroniques données au New Yorker et sous-titré Carnet d’un poète américain à Paris. Le titre, Paris-Orphée, lie explicitement la cité à la poésie et aux arts. Le charme de ces dix-sept proemandes tient à la manière, très naturelle, d’associer des lieux à des références culturelles ou à des souvenirs intimes. Au cimetière du Montparnasse, Cole visite les tombes de Baudelaire, de Susan Sontag, de James Lord, dont il fut l’ami. Au jardin des Plantes, il songe au poème de Rilke La Panthère. Il fréquente la boutique du taxidermiste Deyrolle, où un engoulevent empaillé lui rappelle des poèmes de Sylvia Plath et d’Emily Dickinson. Des fragments d’autobiographie surgissent : la dureté d’un père, militaire américain, la sensibilité d’une mère française, née de parents venus d’Arménie. Mais aussi les éléments d’une poétique – le choix du sonnet, l’admiration pour le peintre Chardin. Et un rituel d’écriture – le long de la Seine aux cris des mouettes. En marchant, en observant…
Monique Pétillon