Parfois, il me prend l’envie de faire republier un texte indisponible et j’enquiquine gentiment les éditeurs jusqu’à ce qu’ils veuillent bien s’en charger. Une fois le livre réédité, bien sûr, je l’offre aux copains.
[Un exemple] pris dans le vivier du XXe siècle : La Plongée, de Lydia Tchoukovskaïa (1907-1996), admirable livre de la confidente et amie d’Anna Akhmatova, persécutée comme elle par Staline. J’ai déposé un jour mon exemplaire à Antoine Jaccottet, quand sa librairie était encore rue du Cardinal-Lemoine, à Paris, et j’ai eu le bonheur de voir le livre inscrit à son catalogue un an plus tard. Lydia Tchoukovskaïa y raconte la vie dans ces « maisons de repos », où le pouvoir soviétique envoyait les intellectuels entre deux périodes de purges. Il s’y noue une idylle dont la conclusion m’a marqué pour le restant de mes jours. [...]
Par Emmanuel Guibert