Redécouvrir Isaac Babel
Comme son mentor Maxime Gorki, Isaac Babel s'est rallié à la révolution d'Octobre. Un engagement qui l'a amené à suivre l'armée Rouge dans sa campagne de Pologne en 1920, au temps de la guerre civile. Accompagnant en Volhynie les troupes de Boudionny, il fonctionne alors comme correspondant de guerre pour le journal Le Cavalier rouge et ses textes, rassemblés en 1926 en recueil, installent sa renommée. Son écriture fluide, fondement de très nombreux récits qu'il a publiés par la suite, a confirmé les espoirs placés dans ce jeune premier des lettres soviétiques, né à Odessa en 1894 au sein d'une famille juive. Mais au tournant des années 30, critiqué parce qu'il ne célèbre pas assez « la vie nouvelle », Babel voit son étoile pâlir. Au point d'être finalement dénoncé et livré en 1939 aux sbires du régime stalinien triomphant. La chute après une gloire fulgurante. Longtemps on n'a rien su de la date de la mort de l'écrivain, mais on s'accorde aujourd'hui à penser qu'il a été fusillé en 1940.
De cet auteur souvent truculent, et finalement mal connu chez nous, les éditions Le Bruit du temps nous offrent un fort volume d'œuvres complètes. Répartie en cycles (autobiographie, récits savoureux du cycle d'Odessa, cycle de la guerre russo-polonaise avec Cavalerie rouge, le recueil qui fit la célébrité de l'auteur, cycle des textes inclassables et autres reportages, articles, discours, entretiens), cette édition dûment documentée et annotée devrait réveiller l'intérêt pour cet écrivain à l'ironie sensuelle, dont l'œuvre a été réhabilité après la mort de Staline.
Alain Favarger