L'art du portrait est un exercice commun en littérature mais il est rare qu'il atteigne un tel degré de perfection. C'est la réflexion que je me suis faite après la lecture de "Rondes de nuit" d'Amaury Nauroy (Le Bruits du Temps, 2019).
Un magnifique ouvrage d'une rare élégance et à l'érudition discrète, qui dresse le plus bel hommage que l'on pouvait rendre à la littérature suisse francophone.
On se retrouve ainsi cheminant en compagnie, entre autres, de Charles Ferdinand Ramuz, de Charles-Albert Cingria, de Jacques Chessex, du poète Philippe Jaccottet et de l'étonnant éditeur Henry-Louis Mermod.
Une littérature suisse romande riche de personnages au caractère tranché, très loin des stéréotypes régionalistes qui ont parfois la peau dure.
Enquête littéraire, recueil de souvenirs, évocations de rencontres, "Rondes de nuit" est tout cela à la fois, porté par un style hors du commun et une lucidité qui n'interdit pas l'exercice de l'éloge.
C'est bien simple, Amaury Nauroy m'a fait "rêver à la Suisse" (comme aurait pu l'écrire Henri Calet) et je lui en suis infiniment reconnaissant.
Cela vaut bien un déci de petite Arvine !
Par Nicolas Menut
(Responsable des acquisitions documentaires au musée du quai Branly - Jacques Chirac)