Format : 117 x 170 mm
96 pages
ISBN : 978-2-35873-017-4
Mise en vente : 21 mai 2010
Dans la première des deux séquences qui composent cet Autoportrait au père absent, Jean-Luc Sarré a recours à un octosyllabe qui évoque la diction si caractéristique de Perros quand il parle lui aussi de lui-même, comme dans Une vie ordinaire. Les images du père disparu font irruption dans le présent du poète comme par effraction, surgies des albums et des tiroirs où elles somnolent, ravivées par les syllabes magiques d’une rengaine ou d’une comptine remémorées. « Tu as surgi à mes côtés pour m’emboîter le pas. » Le dialogue avec le père, dont la mort est évoquée avec la plus grande pudeur, permet la réflexion sur soi, sur le chemin suivi par un fils qui avait jadis choisi de « chevaucher la frivolité, l'insouciance », mais auquel les mots ont rendu son identité. Au fil des poèmes, la figure de ce père, toujours ailleurs, voyageur élégant en complet blanc, fumeur de Craven A et de Turkish Blend, qui ne dédaignait ni l’élégance ni les signes de sa richesse (« il te fallait avoir pour être »), acquiert une singulière et émouvante présence, tout comme la relation qu’il a entretenue avec son fils. On a le sentiment que ces poèmes aux vers d’un ton à la fois si familier, comme clopinant, et si parfaitement ajustés sont comme ces cerceaux tressés avec lesquels les indiens Séminoles pensaient piéger les rêves : ils ont le pouvoir de piéger le temps.
Dans une seconde section, en vers plus longs, le poète revient à une sorte de journal de son existence la plus quotidienne, autoportrait en effet, mais fait d’observations mêlées (« l’amphigouri une manière buissonnière / de poursuivre cette histoire, parce que je le dois »), de notations fines et ironiques sur lui-même et le monde qui l’entoure – journaux parcourus dans la salle d’attente du laboratoire médical, personnages du quartier, fleurs, oiseaux –, de pensées qui traversent l’esprit. Malgré l’apparent désordre de la vie, le rythme subtil du vers, la musicalité des mots rétablissent un ordre : « Une harmonie régnait... je m’illusionne encore. »
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