Le Figaro littéraire - Proust au musée

 Le Figaro littéraire - Proust au musée
21 mai 2009

Proust au musée

PROUST avait écrit sur la peinture longtemps avant d’évoquer Botticelli, Vermeer de Delft, Giotto, Renoir dans La Recherche. C’était en 1895 ; il avait vingt-quatre ans, et s’apprêtait à composer Jean Santeuil. Il rédigea deux petites études sur Rembrandt et surtout Chardin. Ces textes inachevés, écrits dans la fièvre, retrouvés après sa mort et restés longtemps inédits, plus tard inclus dans son Contre Sainte-Beuve, annoncent le grand œuvre que l’on sait. Et Proust couvait sous Marcel…
À propos de Chardin, de ses natures mortes qu’il voit « vivantes », de son autoportrait dit à l’abat-jour, du Bénédicité, Proust note : « Dans les chambres où vous ne voyez rien que l’image de la banalité des autres et le reflet de votre ennui, Chardin entre comme la lumière, donnant à chaque chose sa couleur, évoquant de la nuit éternelle où ils étaient ensevelis tous les êtres de la nature morte ou animée avec la signification de sa forme si brillante pour le regard, si obscure pour l’esprit. » Cette même lumière qui le fascinera chez Rembrandt, celle qui donne ou diffuse le « reflet prêté de la beauté, le regard divin ».
Toutes les œuvres citées par l’auteur sont reproduites en couleurs : La Raie, Le Buffet, Le Bon Samaritain (alors attribué à Rembrandt), Philosophe en méditation…

                                                                                                              Thierry Clermont