La Librairie de la Galerie - Croquis étrusques de D.H. Lawrence

 La Librairie de la Galerie - Croquis étrusques  de D.H. Lawrence
01 juillet 2010

Croquis étrusques  de D.H. Lawrence

C’est trois ans avant sa mort, en compagnie d’Earl Brewster, que Lawrence visite les sites étrusques de Campanie et de Toscane et, bien sûr, Tarquina. Méditations sur des tombeaux, écrites par un homme qui se sait déjà malade, c’est pourtant le caractère profondément vitaliste de l’art étrusque, débordant de vie, de sensualité même, que Lawrence va vouloir célébrer. « Je vais simplement me jeter à l’eau et avancer, et me faire éreinter par toutes les autorités en la matière. Il n’y a presque rien à dire, d’un point de vue scientifique, sur les Étrusques. Je dois emprunter la voie de l’imagination. » La voie de l’imagination, ce sont, pour Lawrence, ces tombes creusées dans la roche, ces fresques colorées, encore fraiches, où dansent oiseaux et Étrusques, l’ourlé généreux des étoffes, surtout, que le temps n’est pas parvenu à effacer – signes de formes de vie sensuelle et excessive, de « formes étranges et spontanées qui refusent toute normalisation ». Car ce que Lawrence va redécouvrir, c’est que la culture mortuaire des Étrusques – dont les seuls vestiges sont ceux qu’offre l’art funéraire – a pourtant partie liée, bien plutôt qu’avec un culte de la mort, avec une sensualité libre et sauvage, la passion intense d’une vie sensuelle, ardente, intense, célébrée jusque dans la mort. Et Lawrence, au contraire – nous sommes en 1927, l’Italie succombe au joug du fascisme –, de dénoncer le goût de la mort et du meurtre qui hante la culture romaine, la culpabilité qu’engendre l’assujettissement à un ordre moral impérial, l’instauration démente d’un pouvoir ultime, judiciaire et moral sur la vie. Véritable livre d’art (le livre comporte des reproductions de peintures mortuaires, que Lawrence avait lui-même choisies), les Croquis étrusques ne rendent pas seulement justice à l’art étrusque: il restitue cette puissance de vie élémentaire et sensuelle dont Lawrence se voulait, comme les peintres funéraires étrusques, l’artiste.